jeudi 19 mai 2011

Lille Pellevoisin, rue du Faubourg de Roubaix

La rue du Faubourg de Roubaix est un axe important qui réunit la zone de Lille-Europe à Mons-en-Barœul. A partir de la limite de Mons, on trouve d'abord, sur le trottoir droit, une maison Art Déco dont l'intérêt architectural est assez limité. En revanche, la grille qui orne la porte cochère est vraiment d'une grande qualité.

Un peu plus bas, sur le trottoir gauche, on peut admirer une superbe maison d'Armand Lemay, la "Villa Mortesie", de style plutôt néo-classique. L'oriel, en revanche, est vraiment un superbe morceau d'Art Nouveau, d'une très grande élégance. On remarquera le cartouche portant le nom de la villa, entouré de guirlandes végétales.

Presque en face, deux grandes bâtisses, ont été édifiées dans un style néo-gothique particulièrement affirmé. La première retient l'attention par la finesse des décorations entourant les lucarnes et la seconde avec ses grandes baies ogivales qui surmontent des oriels prend un caractère anglais.


Presque à l'angle avec la rue St-Gabriel, on arrive à l'église St-Maurice des Champs. Cette église mérite qu'on s'y arrête. 
La première pierre est posée en 1853, l'église étant financée par souscription. Elle est située dans le faubourg de St-Maurice, dépendant de la commune de Fives. En 1859, Napoléon III décrète le rattachement de Fives à Lille. L'église est enfin ouverte en 1860. La construction a été confiée à Charles Leroy (1816-1879) champion du style néo-gothique. Il en dirige la construction, en même temps que celle de la cathédrale Notre-Dame de la Treille.
De 1877 à 1879, Carlos Batteur (1844-1913), architecte de la faculté de médecine et de pharmacie, agrandit le chœur et construit un vaste transept saillant.
En 1887, Henri Boudin dirige la construction du clocher. Celui-ci s'effondre lors de l'ouragan du 30 octobre 1887. Il est inauguré en 1889.
une photo de St-Maurice prise avant 1914.

La facade, néogothique présente un grand portail central réuni à une baie par une archivolte. Sur la façade de pierre (le reste de l'église est en brique), on lit 1858-1888.
Le flèche qui surmonte le clocher n'est pas une réussite exceptionnelle et jure un peu avec le reste de l'église.
En 1899, on demanda à Henri Boudin, de créer deux portes latérales dans un style compatible avec le reste de l'église. Celui-ci opta pour un néogothique très sobre.
Lorsqu'on pénètre dans l'église on est surpris par l'opposition qui existe entre la nef assez sombre et le transept et le chœur très vastes et beaucoup plus lumineux.
Lors de la dernière restauration, en 2003, les voûtes ont été peintes en rouge, ce qui assombrit encore la nef, d'autant que  Leroy a opté pour des murs aveugles au dessus des arcades.
En revanche, Batteur, lors de l'agrandissement de 1877-1879 installe trois niveaux : des arcades, un triforium aveugle et des oculus.



D'un point de vue mobilier, une grande partie en a été réalisé par Edouard Buisine (1856-1935), fils de Charles Buisine-Rigot, le sculpteur de l'église du Sacré-Cœur de Lille, dans un style néo-gothique. C'est le cas des confessionnaux qui sont de belle qualité.


Le Maître-Autel néo-gothique de Buisine ayant disparu lorsque l'Eglise a décidé de faire dans le moderne (ce fut hélas, trop souvent le cas), le Calvaire qui se trouve dans le chœur est donc un assemblage entre deux anges rescapés du massacre et une statue du Christ datant du XVIIème siècle et appelé le Dieu de Marcq. Cette statue autrefois installée dans une chapelle votive située à l'angle actuel des rue du Ballon et de la Louvière, avait été mutilée lors de la Révolution et c'est Buisine qui en assura la restauration. Elle fut installée en 1901 dans l'église.

Il reste quelques stalles dans le chœur qui sont aussi issues de l'atelier de Buisine.

L'orgue, situé au revers de la façade, n'est pas l'instrument d'origine. Le buffet actuel a été sculpté par l'atelier de Buisine et l'instrument proprement dit a été construit par le facteur Henri Didier (1861-1913). La maison Didier, sise à Epinal, avait été célèbre durant la décennie 1890-1900, notamment pour l'installation de l'orgue de la Cathédrale de Laon. En 1913, l'entreprise était en difficulté et les orgues édifiés à cette époque, de qualité assez médiocre. C'est sans doute ce qui explique qu'il a encore fallu le restaurer en 1932 et en 1984.

Les vitraux de St-Maurice sont d'une très grande qualité. Sur la façade, on trouve les vitraux les plus anciens, dus à Charles Gaudelet (1817-1870), sans doute le plus grand verrier de la région lilloise qui a essentiellement travaillé à partir de cartons du lillois Victor Mottez (1809-1897). Les couleurs sont vraiment somptueuses.

La plus grande partie des vitraux est due à Charles Lévêque (?-1889), un maître-verrier de Beauvais qui a travaillé dans toute la France et a participé aux Expositions Universelles de 1867 et 1878.





Dans une chapelle du côté gauche, on peut voir un étonnant vitrail qui est un ex-voto en reconnaissance  à la sauvegarde des fidèles lors d'un bombardement le 30 juin 1918.

La majorité des tableaux ont été exécutés par Edmond Bernot (1810-1895) qui fut directeur de l'Ecole des Arts et Métiers de Lille, et qui, selon certaines sources aurait exposé au Salon des Refusés de 1863. Aux entrées latérales, Bernot a peint des toiles en 1875 qui représentent des scènes de la Vie du Christ. Bernot utilise une style romantique qui évoque un peu Chassériau. Ces tableaux sont des toiles marouflées sur le mur, selon la technique qu'utilisait aussi son contemporain Puvis de Chavannes.

L'étagement du transept est particulièrement impressionnant. On a trois niveau : les fenêtres, un triforium aveugle décoré de figures de Bernot et en bas, un tableau anonyme du XVIIème siècle. Les deux bras sont symétriques.
Du côté gauche, Bernot a placé six figures féminines de l'Ancien Testament. Exécutées en 1881-1882, ces peintures sont très différentes de celles de l'entrée. Bernot opte pour des figures monumentales dans le style de Michel-Ange, tel qu'on le concevait au XIXème siècle, sur un fond d'or, à l'image de la peinture italienne du XIVème siècle.
Le tableau installé sous la galerie est un anonyme flamand de la fin du XVIème ou du début du XVIIème siècle représentant Salomé recevant la tête de St Jean-Baptiste.
Sur le transept droit, Bernot a représenté quelques prophètes précurseurs du Christ. Le tableau situé dessous, du même peintre que son pendant, représente La Cène.


En descendant la rue du Faubourg de Roubaix, on arrive à la place Désiré Bouchée. Sur cette place s'élève un superbe immeuble Art Déco, malheureusement en assez mauvais état. La grande voûte aveugle centrale, encadré de deux pavillons donnent une grande élégance à cet édifice. On remarquera la belle mosaïque qui surmonte la triple baie du second étage.


A l'angle avec la rue du Faubourg de Roubaix, un autre immeuble présente un pan coupé intéressant avec son oriel s'étant sur deux étages.





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